Les remparts au fil du temps
Epoque Gallo Romaine

EPOQUE GALLO ROMAINE ET LES PREMIERES FORTIFICATIONS.

Après la bataille d’Alésia (52 avant Jésus Christ), qui voit la défaite des Gaulois de Vercingétorix par les soldats de Jules César, toute la Gaule est occupée par les Romains.
Une des forces de l’armée romaine est la capacité de ses troupes à se déplacer rapidement.
L’armée romaine va alors se lancer dans la construction de grandes voies stratégiques sous le contrôle des légions romaines, dont les détachements vont s’échelonner tout au long des parcours.
Pendant plusieurs années, des détachements militaires stationnent dans la région de Beaune et parmi ceux-ci, des éléments de la VIIIe Légion qui viennent s’installer à BELNA (nom romain de Beaune).
Les Romains construisent alors un oppidum sur une légère butte, à l’emplacement actuel de la collégiale. C’est une fortification en bois, avec fossés et tours de garde.
Grâce à la paix romaine, s’ouvre une période de grande prospérité.
Située au croisement de grandes voies de circulation, Beaune devient une bourgade importante qui se développe avec la construction de nombreux édifices, des temples dédiés à Belenus, Appolon, Bacchus..., un arc de triomphe etc.
En 259, s’ouvre une période d’insécurité avec les invasions des Alamans et des Francs qui, rompant la barrière fortifiée du limes Germanicus, derrière laquelle ils ne trouvent aucune résistance, envahissent rapidement la Gaule de l’Est puis du Sud pour atteindre l’Espagne. En 355, une ruée générale des barbares entraîne de nouvelles destructions et nécessite la construction de fortifications.
C’est ainsi qu’est construit le Castrum de Beaune. Ce seront les premiers remparts de la ville, constitués de murailles de 5 mètres d’épaisseur et de 10 mètres de hauteur avec une douzaine de tours défensives et plusieurs portes d’accès. Avec 450 m de périmètre, il protège un espace de 2 hectares délimité par la Bouzaize (aujourd’hui recouverte par l’avenue de la République) et les actuelles rues Paradis et Maizières qui en ont hérité leur tracé semi-circulaire.

Du IVème au VIIIème siècles

EXTENSION DE L'AGLOMERATION AUTOUR DU CASTRUM

Cette période voit également le triomphe du christianisme avec, en 313 l’Edit de Milan, par lequel Constantin octroie aux chrétiens la liberté de pratiquer leur religion et met un terme définitif aux persécutions.
Entre 372 et 377, Saint Martin passe en pays Beaunois, évangélise toute la région, détruit les temples et les autels des dieux païens et établit diverses fondations dans tout le pays, ce qui explique le nombre de paroisses placées sous le vocable de Saint Martin. Tous les matériaux provenant de la démolition des temples par les premiers chrétiens sont affectés à la construction des remparts appelés « Mur d’Aurélien ».
Le Castrum permet d’abriter environ mille personnes et il devient progressivement le noyau d’une agglomération qui va s’étendre à l’extérieur des murs le long des routes convergentes. Ainsi se développent des faubourgs, les premiers étant le faubourg Saint-Martin (ouest), le faubourg Bretonnière (sud) puis le Bourg-Neuf rebaptisé faubourg Saint-Nicolas.
A l’est du Castrum, des fouilles ont révélé l’existence d’un vaste cimetière datant des VIe et VIIe siècles.
Au VIIIe siècle, une véritable armée de Sarrasins ayant remonté la vallée du Rhône prend Macon, Chalon puis se sépare en deux armées, l’une allant vers Autun et Sens, l’autre traversant le pays Beaunois pour aller sur Dijon. (ce fait, rapporté essentiellement par Gandelot et Maurice Chaume est actuellement remis en cause par les travaux de l’historien Hervé Mouillebouche, voir : Mouillebouche (H.). — Un autre mythe historiographique : le sac d’Autun par les Sarrasins In : Annales de Bourgogne, t. 82, 2010, p. 5-36.)
La victoire de Charles Martel en 732 entraîne leur reflux vers le sud.

Du IXème au XIII ème siècles

BEAUNE CAPITALE DES DUCS DE BOURGOGNE

En 887 apparaît le premier duché de Bourgogne, créé par le comte Richard d’Autun.
Les environs de l’an Mil marquent un tournant dans l’histoire de Beaune qui commence à prendre de l’importance, avec un puissant réveil religieux et la constitution d’une active bourgeoisie.
Les Croisades vont représenter un effort financier important de la part des seigneurs qui devront emprunter aux bourgeois, favorisant ainsi l’enrichissement de ces derniers au sein d’une ville qui prospère.
Les temps étant plus sûrs, les constructions apparaissent sur le pourtour du castrum puis sur les faubourgs le long des axes de circulation. Vers l’an Mil, le comte de Beaune fait une donation pour la reconstruction de l’enclos de Saint-Etienne détruit par les Arabes en 731. Il s’agit d’un vaste espace comprenant le cimetière de Beaune qui, depuis les Mérovingiens, s’étend de la rue des Tonneliers aux rues Thiers et Poterne et adossé aux murs du Castrum jusqu’au cours de la Bouzaize.
Ce lieu sera longtemps le centre de décision de Beaune. Selon la tradition, c’est là que la Commune est créée par la charte d’affranchissement octroyée en 1203, octroyée par le duc de Bourgogne, qui est en fait une véritable vente à prix d’or destinée à enrichir les caisses ducales criblées de dettes et à financer la croisade d’Eudes III.
La ville connaît alors une nouvelle période de grande prospérité et se développe loin du castrum le long de la voie de Chalon à Dijon. C’est ainsi qu’au XIIIe siècle se dessine le plan de Beaune avec un tracé des rues presque inchangé à ce jour. C’est également à cette époque que sont construites les principales églises de Beaune dont la collégiale Notre-Dame de Beaune.
La ville s’administre librement, hors de l’ingérence du duc et, parmi ses attributions, il lui revient d’assurer sa sécurité. Or le vieux castrum n’a plus qu’une valeur historique et c’est alors qu’elle entreprend la construction de ses remparts.

Du XIIIème au XVème siècles

LA CONSTRUCTION DES REMPARTS ACTUELS

La nouvelle enceinte englobe une partie des anciens faubourgs, y compris l’ancien enclos Saint-Etienne, et correspond au tour des remparts actuel. Elle se fera sur deux siècles. C’est l’époque de la Guerre de Cent ans, avec les Anglais sous les murs en 1361.
C’est un rempart de 8 mètres d’épaisseur qui a été édifié avec creusement de fossés où sont dérivées l’Aigue pour la partie Nord Est et la Bouzaize pour la partie Ouest et Sud, le tout se rejoignant à hauteur de l’ancien lavoir Saint Jacques.
Cette enceinte comporte au XIIIe siècle 9 portes-tours et 6 tours dont certaines disparaissent deux siècles plus tard, trop d’ouvertures nuisant à la défense. Il en est ainsi de la porte dijonnaise, qui passait sous la tour Blondeau, pour rejoindre le chemin de Dijon par Gigny, de la porte Belvent (ou de Chalon ou des Bouchers), la porte de la Bussière et de la porte Notre Dame.
Seules subsistent des tours, la tour des Poudres et la tour des Billes ainsi que quelques vestiges en soubassement de construction (tour Notre-Dame).
Le Beffroi, qui n’est pas un élément des fortifications, est construit au XIVe siècle et sert, du haut de ses 41m, de tour de guet.
Le Beffroi a été d’abord une des cinq tours construites probablement avant le XIe s. pour protéger la population qui avait débordé largement des murs du Castrum. Acquise par la Ville en 1395, cette tour est devenue le symbole des libertés communales et a été ensuite surélevée de plusieurs mètres pour y installer une horloge « visible et entendue de toute la ville ».

LES VALOIS
Avec l’avènement des Valois, les ducs délaissent Beaune pour Dijon. Ils vont se succéder de 1364 (avènement de Philippe le Hardi) à 1477 (mort de Charles le Téméraire). Si Beaune a été fortifiée par les premiers Ducs de Bourgogne et en particulier par ceux de la branche capétienne qui en avaient fait leur résidence, de nombreux ouvrages vont être construits dans la seconde moitié du XVe siècle sous Philippe Le Bon.
En 1442, Philippe le Bon demande que les fortifications soient aménagées et tenues » « en bonne seurte et défense ». L’enceinte de la ville est alors percée de 5 portes, citées en 1477 : Bourgneuf, Bataille, Echallier, Bretonnière et Saint Martin. Elles sont pratiquées dans de simples tours de plan quadrangulaire édifiées en saillie sur la courtine et munies d’un pont-levis et d’une herse. Entre les portes de la ville, l’enceinte est ponctuée de tours rondes ou carrées. Les registres comptables de la seconde moitié du XVe siècle permettent de relever l’existence de seize tours dont il ne subsiste aujourd’hui que la tour Blondeau (citée en 1470), la tour Renard (1465), la tour des Billes et la tour des Poudres qui datent du XIVe siècle.
Pour compléter le système défensif, les fossés forment une ligne continue autour des remparts et sont alimentés par la Bouzaize et l’Aigue.

La construction de cette enceinte puis son entretien et ses renforcements ultérieurs ont représenté une dépense considérable, surtout pour une ville relativement petite (à la fin du XIVe s., Beaune ne compte que 3000 habitants, environ). Les fonds provenaient de plusieurs sources, selon les époques : les ducs, les Etats de Bourgogne, le Trésor royal (après 1477) et, toujours, la ville !
Pour assumer sa part, la commune obtint des ducs, puis des rois, le droit de percevoir pendant longtemps des octrois (ce droit a perduré jusqu’au XXe siècle) et des taxes sur divers produits entrants (sel, farine, …) ou sortants (vin) ou vendus dans Beaune, ainsi que l’autorisation d’établir une contribution supplémentaire pour entretenir les fortifications, contribution dont les trois ordres devaient s’acquitter (ce qui valut quelques rappels à l’ordre à certains « privilégiés » comme le Chapître de Notre-Dame) .
D’autre part, les habitants des villages environnants (dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres, jusqu’à Détain, Nolay, Cheilly, Palleau, …) étaient soumis à des corvées de réparation et construction des fortifications. C’était le prix à payer pour bénéficier du « droit de retraict », c’est-à-dire se réfugier derrière les remparts de Beaune en cas de menace.

Du XVème et XVI ème siècles

BEAUNE, VILLE FRONTIERE : RENFORCEMENT DE L'ENCEINTE

Après la mort de Charles Le Téméraire, en 1477 et l’annexion du Duché de Bourgogne par Louis XI, Beaune se soulève et prend parti pour Marie de Bourgogne, fille du Téméraire.
La répression est terrible en 1478 dans toute la province. Après un siège de 5 semaines, Beaune se rend car une brèche a été ouverte dans les remparts. La ville doit payer une amende de 40.000 écus et rendre toutes ses armes.
La Comté étant restée terre d’Empire, la Bourgogne est désormais une province frontalière et Beaune n’est plus qu’à une trentaine de kilomètres de la nouvelle frontière du royaume. C’est pourquoi Louis XI renforce ses défenses avec la construction d’une forteresse, le Château, capable de repousser l’ennemi du dehors et de mater d’éventuelles révoltes du dedans avec sa cinquième tour braquée sur Beaune. Le dispositif est complété par quatre grosses tours (ou boulevards) qui subsistent encore :
-La Tour des Filles (ou de l’Oratoire) construite entre 1519-1524
-La Grosse Tour, construite entre 1513 et 1517
-La Tour des Dames, ou tour de la Bussière construite entre 1513 et 1517
-La Tour des Cordeliers (ou de l’Hôtel Dieu), construite entre 1513 et 1519,
Château et tours sont construits chacun sur plusieurs années, avec de grosses pierres taillées en bossage afin de résister aux boulets de canons et aux armes à feu.

Sur le plan dans la galerie d'images ci-dessous, la couleur rouge indique les bâtiments construits fin du 15ème et 16ème siècles

XVIIème siècle

DE NOUVEAUX OUVRAGES DEFENSIFS

Un des derniers soubresauts des guerres de religion (2ème moitié du XVIe s.) est l’épisode de la Ligue, parti ultra catholique, défiant le pouvoir royal exercé par Henri III. La place forte de Beaune est alors cédée au Duc de Mayenne qui la confie aux Ligueurs.
D’importants travaux de remise en état du château sont entrepris.
Henri III assassiné, Henri IV s’oppose à la Ligue, alliée au roi d’Espagne. La ville de Beaune excédée par les Ligueurs qui occupent le château demande l’aide du maréchal Biron et la ville doit subir d’importants combats qui détruisent tous les faubourgs et une partie de la ville autour du château. Les ligueurs tiennent six semaines au château avant de se rendre. Les Beaunois obtiennent de Henri IV en 1602, que le Château soit rasé. Finalement sur les 5 tours du château, seule celle tournée sur la ville est rasée, deux sont décapitée et deux tours subsistent.
En 1636, pendant la guerre de Trente Ans, les Autrichiens envahissent la Bourgogne, alors frontière Est de la France. Le Général de Gallas, de l’armée impériale, s’approche de Beaune, attaque les faubourgs, arrive sous les murs et repart sans s’emparer de Beaune. En toute hâte, les fortifications sont alors renforcées par le Prince de Condé, avec la construction, en une seule année (1636-1637), de quatre gros bastions à pans coupés, tels qu’ils existent aujourd’hui :
- Le Bastion Notre Dame, englobant la tour Notre Dame,
- Le Bastion Sainte Anne
- Le Bastion Condé,
- Le Bastion Saint Martin
Contrainte par l’urgence, leur édification a employé des pierres de moindre taille que celles des tours précédentes.
Ainsi s’achève la troisième et dernière phase de construction des remparts.

Sur le plan dans la galerie d'images ci-dessous, la couleur verte indique les bâtiments construits au 17ème siècle

XVIIIème et XIXème siècles

L’EVOLUTION DES REMPARTS

Avec l’annexion de la Franche-Comté par Louis XIV (1674), la frontière du royaume a reculé nettement vers l’est. D’autre part, les techniques militaires ont profondément évolué, comme en attestent les fortifications « à la Vauban ». Ainsi, les remparts de Beaune ont perdu tout intérêt défensif. Dans le même temps, la poursuite de l’essor démographique et économique et les nouvelles préoccupations urbanistiques du Siècle des Lumières les ont fait apparaître comme une gêne et certains édiles municipaux ont entrepris de les modifier, voire de les supprimer en certains endroits.
Malgré la situation financière difficile de la commune, très endettée, le maire J-F. Maufoux (1759-1780) entreprend de grands travaux. Sa première idée est de transformer les remparts en promenade de la porte Bretonnière à la porte St-Nicolas. Il fait planter des platanes sur le rempart des Dames et aménager le bastion St-Martin en une esplanade arborée accessible par des rampes et des escaliers encadrés par un fronton et deux lions sculptés.
Les entrées de la ville sont également transformées pour faciliter la circulation et les échanges. La vieille porte St-Nicolas est remplacée par un imposant arc-de-triomphe avec une porte à double vantaux. Au sud, une nouvelle porte Bretonnière est décidée à la demande des habitants qui devaient contourner le bastion Condé par une chicane pour entrer ou sortir de la ville. Une partie de ce bastion est démolie et une voie rectiligne relie désormais la rue (rue Maufoux actuelle) au faubourg Bretonnière. La nouvelle porte a repris le style arc-de-triomphe mais sa décoration est plus sobre.
Au début du XIXe siècle, le bastion St-Nicolas est arasé et le fossé en partie comblé. Sur ces nouveaux espaces sont construits un relais de poste (l’Hôtel Brian auquel succèdera la Reine Pédauque) et une salle de bal (le Vauxhall) remplacée en 1861 par le Théâtre municipal. A la fin du même siècle, entre la porte St-Nicolas et la tour de l’Oratoire, le rempart et le fossé disparaissent pour permettre la construction de la nouvelle Ecole communale de garçons et de son gymnase (1885). Plus à l’est, le bastion St-Martin a été conservé mais sa muraille a été masquée en partie par le remblaiement du fossé pour créer le jardin attenant au square des Lions (les lions ont été mis en place par Maufoux à la fin du XVIIIe siècle comme écrit plus haut)
Au cours des XVIIIe et XIXe S., les remparts ont été percés en plusieurs endroits pour prolonger des rues qui se terminaient jusqu’ici en impasse au pied de la muraille (rues du Collège, Louis-Véry, Armand-Gouffé et nouvelle avenue de la République au-dessus de la Bouzaize canalisée). Seule la rue Charles-Cloutier a conservé son visage d’antan. De même, les portes Bretonnière (1869) puis St-Martin (1887) ont été démolies pour élargir les passages.

Malgré ces nombreux changements pus ou moins imposés par l’évolution démographique et économique, Beaune a préservé les trois-quarts de son enceinte. La monarchie en ayant transféré la propriété à la ville à la fin du XVIIIe s. , celle-ci a revendu la plupart des tours et des bastions à des acquéreurs privés, notamment à la suite de la Révolution. Ces nouveaux propriétaires, notamment des négociants en vin qui les utilisent comme caves ou les Hospices de Beaune, ont eu le mérite de bien entretenir ce patrimoine que l’on admire aujourd’hui.

HAUT